Intéressé par le ballon ovale depuis son plus jeune âge, Arthur ne manquait jamais une occasion d’aller au stade encourager son équipe favorite : le Stade toulousain*. Ce samedi-là était un jour spécial puisque c’était son anniversaire. Il ne fit pas exception à ses habitudes et parcourut à vélo les neuf cent quatre-vingt-cinq* mètres qui séparaient son appartement du stade. Il se dépêcha de récupérer son billet puis prit place dans les gradins.
Lorsque les quinze joueurs firent leur apparition sur le terrain, un brouhaha terrible se fit ressentir. « Ici, c’est Toulouse ! » s’exclama bruyamment et avec orgueil la foule en liesse. Arborant avec fierté une écharpe rouge et noir aux couleurs emblématiques de son équipe de cœur, Arthur adorait cette ambiance électrique qui réunissait une pléthore de supporters*, tous plus euphoriques les uns que les autres.
Au coup d’envoi, le demi d’ouverture toulousain effectua une frappe vers l’avant, rattrapée par le trois-quarts centre du camp adverse. Les joueurs s’égaillèrent alors sur le terrain, dans un silence qui détonnait avec la ferveur précédant le match. Quelque dix minutes plus tard, l’ailier toulousain parvint habilement à se faufiler parmi les joueurs de la ligne d’avants concurrente et à marquer le premier essai de la partie, au son du « Ô* Toulouse ! » scandé par Arthur et le reste de la tribune occitane. La première période fut toute haletante, avec plusieurs essais transformés qui s’étaient succédé et quelques points grappillés par-ci par-là. Peu après la mi-temps, une action entachée d’antijeu engendra l’émoi d’une partie du public qui vilipenda sur-le-champ le joueur coupable. Une minute avant la fin de la rencontre, après quelques maul(s) et mêlée(s), les deux équipes étaient ex æquo*. Alors que le suspense était insoutenable, l’arrière toulousain effectua un drop héroïque qui permit à son équipe de remporter la victoire sur le fil. Lorsque Arthur revint chez lui, il narra à ses parents avec force détails tout le déroulé de la rencontre, en insistant sur l’apogée triomphal du match. Un tel résultat le jour de son anniversaire, qui l’eût cru ?
© 2022 – Texte : Anthony Bouvier / Relecture : G. Terrien, J. Soulié
(*) Variantes acceptées : Toulousain (avec majuscule), neuf-cent-quatre-vingt-cinq, supporteurs, ô (avec minuscule), ex aequo
Les ouvrages de référence sont : pour l’orthographe et la prononciation, le Petit Larousse illustré 2022 et le Petit Robert 2022 ; pour la grammaire, le Dictionnaire des difficultés de la langue française par A. Thomas (Larousse) ; pour l’orthotypographie, La majuscule, c’est capital par J.-P. Colignon (Albin Michel) ; pour les rectifications orthographiques, le Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée par C. Contant (De Champlain S.F).
Intéressé : Ne pas oublier un seul r et deux s
Stade Toulousain ou Stade toulousain : Comme il ne s’agit pas d’un nom de stade mais du nom de l’équipe, le S majuscule à stade est obligatoire. En revanche, on acceptera la minuscule ou la majuscule à toulousain.
Ce samedi-là : On mettra un trait d'union lorsque le nom est placé immédiatement après le démonstratif (ce, cet...) et avant l'adverbe (là) : cet enfant-là, cette femme-là, ou lorsqu'il y a un nombre : ces deux-là, ces deux bandits-là.
neuf cent quatre-vingt-cinq : dans l’orthographe traditionnelle, il faut mettre des traits d’union uniquement entre les éléments d’un nombre inférieur à 100. Nouvelle orthographe : on accepte les traits d’union partout, on acceptera donc neuf-cent-quatre-vingt-cinq.
Brouhaha : ne pas oublier les deux h.
Bruyamment : vient de l’adjectif bruyant, il faudra donc écrire « amment ». Contrairement à « intelligemment » (issu de l’adjectif « intelligent », donc emment).
Orgueil : ne pas se tromper en l’écrivant « orgeuil », ce n’est pas comme un écureuil !
Une écharpe rouge et noir : on ne parle pas ici d’une écharpe rouge et d’une écharpe noire, mais d’une écharpe qui comporte à la fois du rouge et du noir. Dans pareil cas, rouge et noir restent invariables en genre et en nombre. Autre exemple : une cocarde bleu, blanc et rouge.
Une pléthore, euphoriques : attention aux h !
demi d’ouverture : pas de trait d’union après demi. Au rugby, joueur qui reçoit la balle du demi de mêlée et « ouvre » en servant à la main ou lançant au pied. Synonyme : ouvreur.
trois-quarts centre : Au rugby, les trois-quarts correspondent à quatre joueurs qui se tiennent en ligne derrière le demi d'ouverture, prêts à recevoir le ballon pour courir à l'essai ou prêts à arrêter l'attaque adverse. Si on parlait de la fraction « trois quarts », comme dans « je veux les trois quarts de ce gâteau », il n’y aurait pas de trait d’union. Ici « trois quarts » est un nom commun, on mettra donc logiquement un trait d’union entre trois et quarts.
En revanche, « centre » est un adjectif pour indiquer que l’on parle du trois-quarts situé au centre, il n’y a donc pas lieu de mettre de trait d’union entre trois-quarts et centre.
S’égailler : se disperser, s’éparpiller. Rien à voir avec le verbe « s’égayer » (se divertir, s’amuser) qui se prononce différemment et qui n’aurait pas eu de sens vu le contexte.
Qui détonnait : détoner avec un seul n signifie « émettre un bruit, en particulier en explosant ». Détonner avec deux n signifie « produire un contraste, trancher ». Ici on parle d’un silence qui détonne avec la ferveur d’avant-match, on est donc bien dans le sens de contraster, trancher. Il faudra donc 2 n.
Quelque dix minutes : Quand quelque est situé devant un nombre, il ne prend jamais de s. En effet, dans cette position, c’est un adverbe qui signifie « environ ». On aurait par contre écrit « quelques minutes ».
La ligne d’avants : au rugby, les avants sont des joueurs dont le rôle est de gagner le ballon dans les mêlées et les touches et de préparer l'action des lignes arrière. Ici on parle donc de la ligne constituée des avants de l’équipe, il y aura donc un s à avant.
ô Toulouse (ô en majuscule ou minuscule) : le ô sert à invoquer et à marquer un sentiment exalté. Ici on invoque Toulouse, par analogie avec la chanson de Claude Nougaro. On ne pouvait pas l’écrire oh, qui signifie l’indignation ou l’étonnement mais aussi parce qu’il n’y avait pas de point d’exclamation (obligatoire avec oh !)
Occitane : un seul n, comme dans Occitanie.
Toute haletante : Dans toute + adjectif, on écrira tout sans e s’il est suivi d’un adjectif commençant par une voyelle ou un h muet. On mettra en revanche toute avec e si l’adjectif qui suit commence par une consonne ou un h aspiré. Ici il faudra un e à toute car haletante s’écrit avec un h aspiré. En revanche, on aurait écrit « tout heureuse » car « heureuse » commence par un h muet.
S’étaient succédé : « se succéder » est transitif indirect (on succède à quelqu’un), ce qui signifie qu’il se construit avec un COI. On n’accordera donc pas ici.
Grappillés par-ci par-là : ne pas oublier les deux p à grappiller, et les traits d’union à par-ci et par-là. Ce serait la même chose pour de-ci de-là.
Mi-temps : la moitié du temps de jeu, ne pas oublier le trait d’union.
Une action entachée d’antijeu : entachée s’écrit comme une tache sur un vêtement, donc sans accent circonflexe (alors que la tâche dans le sens de labeur prend un accent). Antijeu s’écrit en un seul mot. Le pluriel antijeux ne pouvait pas être accepté puisque le sens est non comptable ici, on parle de « faire de l’antijeu ».
vilipenda sur-le-champ : Attention, vilipender s’écrit avec un e entre le p et le n ! Il faut obligatoirement des traits d’union à « sur-le-champ ».
quelques maul(s) et mêlée(s) : Dans le contexte, on ne pouvait bien sûr pas parler de mollets mêlés, mais bien de mauls et de mêlées. Le maul est un anglicisme qui signifie malmener. Au rugby, cela désigne un regroupement sur le terrain d’au moins trois joueurs debout dont l’un porte le ballon, obligatoirement un ou plusieurs coéquipiers, un ou plusieurs adversaires étant liés à lui. On prononcera avec un o fermé, comme dans « pôle » et « môle » !
ex æquo ou ex aequo : ex aequo s’écrit toujours en deux mots quand il s’agit de la locution adverbiale, ce qui est le cas ici.
Suspense : il faut obligatoirement un e à la fin de suspense. Ne pas confondre avec « une action en suspens » pour dire qu’elle est dans un état d’interruption momentanée.
Drop héroïque : ne pas oublier le tréma à héroïque, drop sans e à la fin.
Lorsque Arthur : Lorsque ne s’élide que devant il, elle on, en, un et une. Il ne s’élide donc pas ici.
Force détails : Quand force signifie « un grand nombre de », il impose l’emploi du pluriel dans le nom qui suit.
Apogée triomphal : Apogée est un mot masculin, comme la plupart des mots dérivés du grec et se terminant par ée (hypogée, caducée, hyménée, camée, etc.). On écrira donc triomphal sans e à la fin.
Qui l’eût cru : Il s’agit ici du conditionnel passé (on pourrait remplacer « eût » par « aurait »). Il faut donc un accent circonflexe sur le u.
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